Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/490

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malheur… Vous auriez vu les pauvres, les aveugles, les paralytiques, siéger aux premières places… En voilà des miracles ! »

Chaumette, pour ses fêtes, avait besoin de chants. Il demanda, obtint la création de la grande école de musique, le Conservatoire. Le vénérable Gossec, rajeuni par l’enthousiasme, dirigea cette école et trouva les chants du culte nouveau.

Chaumette, pour les vers, s’adressa à Delille, le facile versificateur. L’abbé Delille, violent royaliste, enfant colère, trouva du courage dans sa douleur, dans son deuil de la reine, dont il avait été le maître. Il lut hardiment à Chaumette son dithyrambe sur l’Immortalité :

Lâches oppresseurs de la terre,
Tremblez, vous êtes immortels !

C’était aller droit à la guillotine. Chaumette ne voulut pas comprendre. « C’est bon, l’abbé, dit-il, cela servira pour une autre fois. » Il garda la chose secrète et lui sauva la vie.

Il avait sauvé de même l’imprimeur Tiger, qui, au 5 septembre, l’insulta, le prit à la gorge, publiquement, sur le quai, comme il marchait à l’Assemblée à la tête de la Commune.

On a vu l’émotion de Chaumette au procès de Louis XVI et l’intérêt qu’il montra à M. Hue, qui pleurait. Il en témoigna beaucoup aussi à la jeune dauphine. Il fit élargir Cléry.

i La fatalité l’avait comme attelé à Hébert dans