Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/496

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On pouvait croire d’après ceci qu’elle ordonnerait ou accepterait l’abolition de l’ancien culte.

L’obstacle était le personnel. Que faire de l’Église constitutionnelle ? Pour avoir fait serment de fidélité à la République, elle n’en gardait pas moins tous ses dogmes anti-républicains. Intolérants, persécuteurs comme les autres prêtres, ils ont fait mourir de faim les prêtres mariés en 1795 et 1796. Même en 1793, ils persécutaient ; ils étaient à ces malheureux leur état, leur coupaient les vivres. Au 15 juillet, au 1er septembre, au 17 encore, la Convention retentit des plaintes douloureuses des prêtres mariés, que leurs seigneurs, les évêques républicains, voulaient empêcher d’être hommes. L’Assemblée, de mauvaise humeur, réduisit les évêques à six mille francs de traitement et menaça les persécuteurs de déportation.

Une partie plus tolérante de l’Église constitutionnelle, c’étaient les prêtres philosophes ; tel était Gobel, évêque de Paris, tel Thomas Lindet, tel j’ai connu M. Daunou. Moralistes avant tout et de vie honorable, ils acceptaient le christianisme comme véhicule de morale. Eux-mêmes cependant, honnêtes et loyaux, souffraient de cette position double et ne demandaient qu’à en sortir. Daunou en sortit de bonne heure, et de lui-même. Les autres eurent le tort d’attendre la pression des événements.

Gobel réunissait chez lui chaque soir Anacharsis Clootz et Chaumette. Tous deux lui montraient combien son christianisme philosophique, suspect