Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/51

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Les Douze, il est vrai, avaient reçu de l’Assemblée un vague pouvoir de prendre des mesures. — Ce pouvoir contenait-il celui d’appeler la force armée ?

Ils l’appelèrent dans la nuit, et, malgré les réclamations du maire, trois sections voisines de l’Assemblée (la Butte-des-Moulins et deux autres) envoyèrent chacune trois cents hommes à son secours, de sorte que les bandes armées qui, de bonne heure, s’étaient saisies des abords des Tuileries, virent derrière elles ce corps d’environ mille hommes en bataille sur le Carrousel ; les assiégeants furent assiégés.

Cela dérangeait fort le plan. La Convention irritée reçut, comme émollient, une sentimentale épître du maire de Paris. Rien de grave. Nulle violence à craindre, nulle effusion de sang.

Cependant la section de la Cité, fidèle aux projets de la nuit, et sans doute n’étant pas avertie de la protection armée qu’avait la Convention, vint à grand bruit réclamer la liberté de son président, demandant avec menace : « Que les Douze fussent traduits au tribunal révolutionnaire. »

Isnard dit que l’ordre du jour était la constitution, et refusa obstinément la parole à Robespierre. Un tumulte affreux s’élève, une tempête de cris de la Montagne et des tribunes. Il y eut des mots incroyables. Bourdon (de l’Oise) menaçait d’égorger le président. Thuriot, dépassant Marat dans l’absurdité de la calomnie, criait qu’Isnard s’était avoué le chef de l’armée chrétienne, le général de la Vendée !…

Cependant la foule armée qui remplissait les cou-