Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/518

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à mort, mais, comme les chiens trop ardents, il se fit mal à lui-même et, mordant Chabot, se mordit.

Cette chasse se fit aux Jacobins. Celui qui lança la bête fut un Dufourny, qu’Hébert croyait hébertiste, mais qui ne bougeait pas de l’antichambre des comités, et dont le zèle excessif lassait Robespierre. Un ami personnel de celui-ci, Renaudin, juré du tribunal révolutionnaire, poussa, avec Dufourny, sur Bazire, sur Chabot, sur Thuriot.

Le tout rédigé en une pétition atroce à la Convention, pétition menaçante, méprisante, où on lui prescrivait d’être impitoyable pour elle-même et de se saigner aux quatre membres.

Hébert était si aveugle qu’il rendit cet acte plus utile encore à Robespierre que les robespierristes ne l’avaient voulu, faisant demander en outre la mort des soixante-treize qu’avaient défendus Robespierre, et poussant la Convention à chercher son salut en lui !

Bazire, Thuriot, s’excusèrent. La Convention supprima la faible et dernière barrière qu’elle avait élevée le 9 entre la vie de ses membres et la guillotine (son droit d’examen préalable sur tout représentant qu’on accuserait). Hébert n’en suivit pas moins contre Thuriot son élan sauvage. Le 13, il le fît chasser des Jacobins, sans lui tenir compte de l’appui qu’il avait donné à la Commune dans l’affaire religieuse, sans voir qu’il rompait l’alliance entre la Commune et la Montagne. A qui profiterait ce divorce ? Il était facile de le deviner.