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-ils illimités ? C’est le sujet d’un grand doute. J’ai sous les yeux quarante et un des quarante-huit procès-verbaux des sections de Paris. Cinq seulement mentionnent des pouvoirs illimités. Trois les donnent d’une manière douteuse ou après l’événement. Quatre refusent positivement. Quatorze refusent poliment, n’accordant de pouvoir que pour délibérer ou pétitionner[1]. Tous les autres sont muets.

Ce qui étonne, c’est la diversité du chiffre que l’Évêché affirma. Il dit le matin avoir les pouvoirs illimités de trente-trois sections. Vers deux heures, ses envoyés dirent eux-mêmes à la Convention qu’ils n’en avaient que vingt-six. Et le soir ils soutinrent qu’ils en avaient quarante-quatre.

Quoi qu’il en soit, le nouveau pouvoir, constitué vers une heure après minuit, nomma, entre deux et trois, neuf commissaires de salut public, Dobsent[2], Gusman, etc. On proclama commandant général de la garde nationale un capitaine, Henriot. On décréta, pour première mesure, l’arrestation des

  1. Cinq seulement mentionnent des pouvoirs illimités (Halle-au-Blé, Arcis, Arsenal, Droits-de-l’Homme, Sans-Culottes ou Jardin-des-Plantes). J’y joins trois autres, qui ne les accordent que d’une manière douteuse ou tardive, quand l’affaire a éclaté (Lombards, Pont-Neuf, Bonne-Nouvelle). Cinq, qui n’en font pas mention, les auront donnés certainement (Montmartre, Quatre-Nations, Halles, Beaubourg et Quinze-Vingts). Ajoutons-en deux, les Gravilliers et le Luxembourg, dont je n’ai pas les procès-verbaux, mais dont l’opinion est bien connue. — Quatre sections refusèrent : la Butte-des-Moulins, le Mont-Blanc, les Invalides et le Finistère (Gobelins). — Archives de la Préfecture de police.
  2. Le mannequin chargé de jouer ce tour fut un homme inconnu, Dobsent. Chose remarquable !… plusieurs des grandes journées de la Révolution ont