Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 6.djvu/79

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Le Palais-Royal, galeries, jardins, les rues d’alentour et tout le quartier prirent en un moment un aspect de fête ; on but, on dansa. Puis, se remettant en colonne, les gens du Palais-Royal reconduisirent fraternellement leurs amis du grand faubourg.

Mais auparavant les uns et les autres avaient voulu donner à la Convention la bonne nouvelle de paix. Pour cela ils l’envahirent, et cette pression nouvelle arrivant par-dessus l’autre, tout le monde faillit étouffer.

« Législateurs, dit l’un d’eux plein d’enthousiasme, la réunion vient de s’opérer ! La réunion du faubourg, de la Butte-des-Moulins et des sections voisines. On voulait qu’ils s’égorgeassent. Ils viennent de s’embrasser… » Ce fut un coup de théâtre. Tout fut fini pour ce jour. Plus d’accusation. Tout ce que Robespierre obtint, ce fut la suppression des Douze, déjà supprimés par le fait. Barère, rédacteur du décret, y mit un article ambigu, à double entente : « Qu’on poursuivrait les complots. »

Lesquels ? ceux de l’Évêché ? ou bien ceux des Girondins ? On pouvait choisir.

Un dantoniste proposa : « Que la Convention, levant la séance, fraternisât avec le peuple. » Elle sortit en effet, descendit sur la terrasse des Feuillants et parcourut, aux flambeaux, les Tuileries, puis le Carrousel. Paris fut illuminé.