Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/134

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et elle fut suivie en cela des vrais patriotes, qui sentaient qu’en pareille situation on n’eût pu toucher aux coupables sans compromettre toute la représentation nationale et la République elle-même.

On accueillit non seulement Lacoste et Baudot, chargés des drapeaux du Rhin et de leur glorieuse désobéissance, non seulement Chasles, guéri de sa blessure et des calomnies jacobines, mais des hommes discutables comme Fréron, des coupables comme Tallien, de furieux hébertistes, Javogues, Lequinio, Carrier même. On ne voulut voir en eux que des hommes qui s’étaient compromis à mort pour la Révolution, et contre qui les robespierristes exploitaient habilement les haines, les vengeances locales.

Souffert à la Convention, bien reçu aux Jacobins, Carrier, le brutal, le barbare, montra une diplomatie dont on put être étonné. Il loua les dantonistes, fit l’éloge de Westermann, alla jusqu’à dire que Phelippeaux se trompait sans doute, mais se trompait en conscience.

L’alliance des partis, déjà essayée (fin septembre), tentée encore et manquée (10 novembre) par l’emportement d’Hébert, semblait cette fois prête à se faire sous l’influence de la nécessité et de l’intérêt commun. Elle devenait plus facile par la grande fatigue morale, l’affaissement réel des opinions divergentes.

Les grands travailleurs clu Comité de la Convention songeaient plus aux résultats, à la victoire sur