Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/146

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tira le couteau pour raser les deux partis. Ce couteau était Saint-Just.

Il était à l’armée du Nord, mais averti et tout prêt ; il fondit, le 26, sur la Convention.

Il apportait un discours d’extermination pour qui savait le comprendre.

Ce discours avait deux buts ; il témoigne du pas prodigieux que fit Robespierre, dans son âpre solitude, sous l’épreuve des attaques imminentes et du ridicule possible.

Non seulement il note les indulgents comme traîtres, mais d’un bond il passe par-dessus les exagérés, les note comme indulgents.

« Plus de terreur ! non, justice ! » Mais cette justice de Saint-Just est telle qu’elle accuse l’Assemblée d’indulgence, une Assemblée où siégeaient Carrier et Collot d’Herbois !

« On ne punit point les coupables », dit Saint-Just. L’Assemblée se regardait ; l’autre jour elle s’était vue au pied de la guillotine ; elle trouvait que vraiment le tribunal ne chômait pas. Que voulait donc dire ce mot ? Apparemment, qu’en frappant les petits coupables, on ménageait trop les grands, les représentants du peuple.

Parmi plusieurs belles choses, vives, fortes, profondes, il y en avait d’effrayantes par le vague et l’équivoque.

« La société doit s’épurer. Qui l’empêche de s’épurer veut la corrompre, qui la corrompt veut la détruire. » Glissantes interprétations. L’Inquisition