Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/154

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Nulle autorité n’appuyant celle-ci, restait la force brutale, l’armée révolutionnaire. Cette armée était-elle encore ? Le Comité de salut public l’avait divisée, dispersée. Le Comité de sûreté en avait débauché les meilleurs hommes. À Lyon, elle était en guerre avec la ligne, jalouse de sa haute paye. À Paris, on avait lancé contre elle le faubourg Saint-Marceau, qui vint dire à la Commune que, dans une seule compagnie, il y avait vingt voleurs. Son fameux général Ronsin était seul sur le pavé de Paris ; s’il eût voulu tirer l’épée, il n’eût tiré que la sienne.

Il n’en promenait pas moins ses épaulettes au Palais-Royal, disant partout que la Convention était usée, Robespierre usé, qu’il faudrait bien faire un matin un gouvernement, que l’armée révolutionnaire serait portée à cent mille hommes, qu’on nommerait un grand juge qui pourrait être le maire Pache ; sous cet automate, Ronsin aurait été dictateur militaire.

Ce beau projet se colportait, se disait à tout venant, spécialement aux prisons. Ronsin y allait voir les siens ; on concluait de ces visites qu’il voulait organiser un massacre des prisons. Ce bruit, habilement semé, ne contribua pas peu à tuer le mouvement. Le peuple se mit lui-même à arracher les affiches des Cordeliers. Ils s’empressèrent alors de se rétracter et d’enlever leur crêpe. Cela ne servit à rien. Ils furent tous arrêtés le 13 au soir.

Personne ne s’y attendait. Ils avaient été si faibles et si ridicules que l’opinion leur faisait grâce. Mais