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sans terreur, point de terreur sans tyrannie. Serait* elle locale ou centrale ? La première, intolérable, faisait désirer la seconde.

La France vaincue, suspecte, royaliste ou girondine, contre la terreur locale qui la poursuivait partout, appelait un bon tyran.

La France victorieuse, républicaine ou montagnarde, subissait déjà l’ascendant du censeur universel, du redouté tuteur politique.

Le tout résumé par ce mot jacobin, déjà cité : « Espérons un dieu sauveur. »

Ce dieu descendait par moments, intervenait en effet d’une manière souvent sage, utile, d’autant plus mortelle à la liberté. Les missi de Robespierre apparaissaient comme ceux d’une puissance supérieure, et dans une position dominante par rapport à ceux de la Convention.

Couthon, Saint-Just, Robespierre jeune, d’autres agents, même inférieurs, habituaient les populations à placer l’espoir du salut, non plus en elles-mêmes, en la France ou l’Assemblée nationale, mais dans un individu.

On a vu l’étrange opération, grandiose et populaire, par laquelle Couthon entraîna, solda magnifiquement un monde de paysans d’Auvergne pour la ruine de Lyon ; puis, la foudre suspendue sur la malheureuse ville, tout à coup il fit grâce, arrêta les vengeances et ne quitta Lyon qu’après l’avoir convaincue qu’elle était sauvée si elle n’eût eu rien à craindre que Couthon et Robespierre.