Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bourg où on l’envoya nageaient dans les roses. Mesquin d’apparence, petit, faible, avec ses cheveux noirs, plats, il provoqua chez eux une hilarité universelle, Ils le criblèrent de mots piquants, d’une verve si intarissable, que Chaumette n’osait descendre et restait seul dans son coin.

Les dantonistes ne riaient point ; ils voyaient bien que, si l’on frappait parmi leurs adversaires un homme si inoffensif, ce n’était pas pour les épargner. Les uns (Legendre, Tallien, Dufourny) se ruèrent dans la flatterie, dans les outrages aux vaincus ; ils écrasèrent aux Jacobins les Cordeliers qui venaient tête basse, s’excuser et demander quelque appui dans leur péril.

Danton, de toute autre nature, défendit ses ennemis. Le 18, à la Convention, quand la Commune humiliée vint tardivement, tristement, exprimer sa joie pour le coup qui la brisait, le vieil Alsacien Ruhl, alors président, brave homme, mais toujours en colère, la tança de ce qu’elle venait si tard féliciter l’Assemblée. Danton se leva alors : « La réponse du président est digne de la majesté du peuple. Mais il y règne une justice sévère qui pourrait être mal interprétée. La presque totalité de la Commune est pure et révolutionnaire. Elle a si bien mérité de la liberté qu’il faudrait tout souffrir plutôt que de lui faire boire le calice d’amertume. Épargnons-lui la douleur de croire qu’elle a été censurée avec aigreur. »

Ces paroles généreuses défendaient et les présents