Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/201

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et colérique, s’emporta, sans voir le secours qu’il donnait à l’accusation.

Les notes de l’audience, travaillées par Coffinhal (on l’a vu au procès d’Hébert), imprimées par Nicolas, l’homme de Robespierre, avant de passer aux journaux, sont arrangées de manière qu’on croirait que Cambon a nié tous les faits avancés par Fabre, nié l’évidence même, nié ce que les pièces, heureusement subsistantes, mettent pour jamais hors de doute. Non, un homme si honnête put s’emporter un moment, mais jamais il ne put faire de lâches et meurtriers mensonges pour pousser l’infortuné qui avait un pied dans le tombeau.

Je croirai bien aisément ces notes falsifiées, quand je sais qu’elles ont été tronquées, mutilées. Le président, voyant Cambon irrité et rouge, de la maladroite attaque de Fabre, s’enhardit à lui demander ce qu’il pensait de Danton et de Desmoulins, s’il ne les regardait pas comme des conspirateurs : « Loin de là, dit-il rudement, je les regarde tous deux comme d’excellents patriotes, qui n’ont cessé de rendre d’importants services à la Révolution. » Le falsificateur a sans scrupule supprimé ces mots ; nul journal n’a osé les mettre que longtemps après. (Histoire parlementaire, XXXIV, 403.)

Si Fabre ne put voir la pièce pour laquelle il périssait, Hérault de Séchelles n’eut pas davantage la fameuse pièce de Toulon avec laquelle Robes-