vantes et du discours et de l’attitude du peuple, se turent et levèrent la séance (le soir du 3 avril).
Ce discours vainqueur de Danton, qui enleva ceux qui l’entendirent, foudroya ses ignobles juges, qu’est-il devenu ? La scélératesse des mutilateurs est ici palpable. Ils ont biffé le discours, rayé cette parole vivante, et comme, dans le compte rendu, ce vide énorme bâillait, qu’ont-ils fait ? Une chose plus hardie encore qui frappe dans tous les journaux (tous ont suivi ou abrégé ces notes du faussaire Coffînhal[1], imprimées par Nicolas), ils ont mêlé la séance du 2 avec celle du 3, sans dire où l’une finit, où l’autre commence !
Chose perfide ! dans le compte rendu du 3, tels mots, évidemment ironiques, de Danton y sont donnés pour des aveux.
Après avoir dit par exemple : « Je me souviens en effet d’avoir provoqué le rétablissement de la royauté », etc., il dit, en se jouant de même : « On me confia cinquante millions, je l’avoue. » On a supprimé ce qui entourait ces mots, de sorte qu’il semble que Danton ait reçu cinquante millions, tandis qu’il rappelle seulement par cette phrase ironique les cinquante millions confiés en août au Comité de salut public, — pour faire ressortir le peu de fonds dépensés sous son ministère en 1792 pour la libéra-
- ↑ Personne n’y mit jamais moins de façon que cet Auvergnat. Dans le fameux malentendu qui permit au père Loiserolles de mourir à la place de son fils, Coffinhal, voyant arriver un vieillard au lieu d’un jeune homme, n’a pas pris la peine d’éclaircir la chose. Il a tranquillement falsifié l’acte, changé les prénoms, surchargé les chiffres d’années, etc.