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CHAPITRE II

MORT DE CONDORCET (9 AVRIL 1794).


On espère une amnistie. — L’amour en 1794. — Mme de Condorcet. — Péril de Condorcet. — Son dernier livre. — Il échappe de Paris. — Sa mort, 9 avril.


Le nom de Dieu, lancé ainsi de façon inattendue sur la tombe de Danton, parut à l’Europe, à la France, synonyme d’amnistie. Si la Convention menacée, si la Montagne décimée se sentaient toujours sous le glaive, il n’en était pas de même de ceux qui, loin de la scène et ne voyant pas les acteurs, prenaient pour guide la logique qui nous trompe si souvent ou la trop crédule espérance. Dans les prisons, dans les retraites où se cachaient les proscrits, on disait, on tâchait de croire que Robespierre allait inaugurer une politique nouvelle, qu’il n’avait immolé les indulgents que pour reprendre leurs idées, pour avoir le monopole de ce comité de clémence qui devait fonder son pouvoir. N’était-ce pas assez de sang ? La guillotine, trempée, retrempée et inondée, après l’affreuse orgie de mort qu’elle fit au 5 avril, devait être ivre et blasée. Que lui donner maintenant ? Du sang de roi, du sang