Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/23

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avec la levée en masse, par l’indiscipline. Hoche comprit les difficultés. Une telle armée était susceptible d’un grand élan, mais peu de manœuvres savantes. Il était difficile de suivre les idées méthodiques du Comité. La rapidité était tout. Hoche supprima les bagages, les tentes même, en plein décembre. Malheureux dans ses premières attaques, il revint à la charge avec un acharnement extraordinaire. Toute l’armée criait : « Landau ou la mort ! »

Bien lui prit en ce moment d’être un soldat parvenu. Noble, il eût été suspect, destitué, et il eût péri ; mais il reçut une lettre rassurante et généreuse de Saint-Just et de Lebas. Lacoste et Baudot le suivaient pas à pas et combattaient avec lui. Les Prussiens cédèrent ; l’armée de Moselle déboucha des Vosges, descendit en plaine ; Landau fut sauvé, la jonction opérée avec Pichegru. Hoche se jeta dans ses bras : « Qu’est-ce que c’est que ce Pichegru ? écrivait-il ; ses joues m’ont paru de marbre. » — Le premier bulletin, daté de Landau, fut envoyé par Pichegru. Barère parla de la victoire, sans dire un seul mot de Hoche.

Qu’allait-on faire maintenant ? qui devait commander les deux armées pour agir d’ensemble ? Saint-Just ne daignait pas communiquer à Baudot et Lacoste ses instructions secrètes. Il se lassèrent de cette taciturnité et de l’inaction de Pichegru. Ils jouèrent leur vie. Le 24 décembre, ils ordonnèrent à Pichegru d’obéir à Hoche. Tout alla comme