Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/247

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Si Dumas, si Fouquier-Tinville, eussent eu un peu plus d’esprit, un peu de l’adresse d’Herman, ils auraient évité de donner au procès la moindre apparence religieuse. Loin de là, maladroits flatteurs de Robespierre et du nouveau mouvement indiqué le 6 par Couthon, ils prirent le langage à la mode. Ils parlèrent souvent, fort et ferme, de Divinité, d’athéisme, d’Être suprême, etc. Ils reprochèrent expressément à Gobel d’avoir abjuré, à Lapallus d’avoir dépouillé les églises de Lyon, à Chaumette d’avoir fermé les églises de Paris, de s’être coalisé avec Clootz « pour effacer toute idée de la Divinité ». Pour comble de maladresse, ce fut à cette occasion que le juré Renaudin, intime de Robespierre, changea tout à coup de rôle par une bizarre sortie, exprimant son indignation d’avoir entendu Gobel, Clootz et Fabre d’Églantine « se réjouir de ce que les églises étaient fermées ».

Le président fut prodigieusement ridicule contre Chaumette. Chaumette, dit-il, fermait les églises et mettait les filles en prison. Pourquoi ? Afin que, d’une part, les libertins désespérés outrageassent les honnêtes femmes, et que, d’autre part, les fanatiques se réunissent aux libertins pour renverser le gouvernement !

Chaumette pouvait les écraser. Mais il plaida à plat ventre, se montra ce qu’il était, un pauvre homme de lettres, craintif et tremblant, jusqu’à dire qu’il n’avait pas eu beaucoup de rapports avec Anacharsis Clootz. Il croyait que, s’il se lavait de l’amitié du grand hérétique, il trouverait grâce peut-être devant Robespierre.