Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/252

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Décidément l’Ancien-Régime pourra se moquer de nous et nous dire en ricanant la parole d’Évangile : « Vous aurez toujours des pauvres. »

« C’est fait de la Révolution. Elle a mangé un peu de miel, et voilà déjà qu’elle meurt. Elle avait cru mordre aux pommes du jardin des Hespérides, elle n’a trouvé sous la dent que fiel et que cendre. »

Telle était la douleur publique, les injustes accusations qui rapportaient à un homme tout ce que la situation avait fatalement engendré de maux. Ce qui défendait Cambon, c’est qu’en l’attaquant on ébranlait les lois qu’il avait proposées ; on portait un coup terrible au crédit, à la confiance.

Frapper Cambon ? mais qu’était-ce ? Frapper la fatalité de la France en 1793. Cambon n’était pas autre chose.

Ce n’était pas lui qui avait agi, c’était la situation, le péril, la crise désespérée. Ge temps déjà trop oublié où la France désarmée vit le monde entier contre elle, cette misère du 12 mars où le Trésor n’eut plus que quelques mille francs en papier, permettait-elle de choisir les moyens ? Laissait-elle les loisirs d’organiser des républiques de Lycurgue et de Numa ?

Ge grand homme eût d’ailleurs pu faire une foudroyante réponse : « Voulez-vous savoir pourquoi il m’a fallu vous ruiner ? Pourquoi la guerre a dévoré les ressources de la France ? Parce que vous n’avez pas voulu la guerre que je demandais. Ma guerre n’eût pas été la vôtre. Je la voulais offen-