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L’Ouest, d’octobre en décembre, vit des choses non moins héroïques ; la fraternité immortelle de Klêber et de Marceau, qui termine la Vendée, leur dévouement, leurs périls. — « Combattons ensemble, disaient-ils ; ensemble, nous serons guillotines. »

Le Comité avait nommé l’inepte général Léchelle, dont Kléber fait cet éloge : « Je ne vis jamais si sot général, mais jamais si lâche soldat. » Léchelle, malade, fut remplacé par un autre qui ne valait guère mieux, Turreau ; mais entre les deux, il y eut par bonheur un entr’acte, pendant lequel Marceau, Kléber, Westermann, portèrent enfin à la Vendée l’épouvantable coup de la bataille du Mans. Blessée à mort, elle vint expirer à’Savenay, qui ne fut guère qu’un massacre. Alors arriva Turreau, le général du Comité, Marceau fut rudement écarté, et l’on parla plus d’une fois de faire guillotiner Kléber.

La victoire mit les vainqueurs dans un embarras terrible. Que faire de cette population qui avait passé la Loire, mourante de faim, de misère et de maladie, ramassée sur tous les chemins ? La difficulté était la même et bien pire encore qu’à Lyon, où l’immense majorité des victimes avaient échappé. Quoique les soldats en sauvassent un nombre incroyable, des milliers de Vendéens étaient rabattus sur Nantes. Les décrets étaient précis : tout ce qui avait pris la cocarde blanche devait être mis à mort.

L’occasion était belle et grande pour l’ami de