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seur en 1793 d’une vaste imprimerie, et qui, sur le tribunal seulement, avait déjà gagné cent mille francs.

Dubois-Crancé fît en avril une proposition hardie. De Rennes où il était alors, il écrivit aux Jacobins que leur rôle de surveillants et censeurs des fonctionnaires ne leur permettait pas d’être fonctionnaires eux-mêmes, qu’il fallait opter.

La chose était-elle possible ? Le personnel révolutionnaire étant devenu si peu nombreux, les Jacobins n’étaient-ils pas obligés de cumuler ces choses peu conciliables ? Les places délaissées par eux n’eussent-elles pas passé en des mains peu sûres ? Quoi qu’il en soit, au seul énoncé de la proposition, la salle pensa s’écrouler. Les zélés se mettaient la main aux oreilles pour n’entendre un tel blasphème. Robespierre faillit en faire le point de départ d’une accusation de haute trahison.

Nul doute cependant que l’affaiblissement précoce du gouvernement révolutionnaire ne tînt à deux choses :

Premièrement ce cumul du surveillant fonctionnaire, n’ayant de contrôle que lui-même ;

Deuxièmement la tolérance de plusieurs sociétés ou comités pour la spéculation, et l’agiotage exercé souvent par leurs propres membres, acquéreurs, vendeurs, trafiquants de biens nationaux, brocantant et s’enrichissant « pour le salut de la patrie ».

Ces deux fléaux minaient la République. Elle