Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/294

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des fripons, des Fouché, des Tallien, n’auraient rien fait ; pas un d’eux n’eût osé (comme on dit) attacher le grelot, si la chose n’eût été préparée. Ce qui fut le plus efficace, ce fut cette espèce de conspiration publique d’hommes étourdis et violents qui rassura la Convention et lui donna la force de se sauver elle-même.

Peu de jours après la mort de Danton, Lecointre invita à dîner chez lui deux hommes qui ne se connaissaient pas. L’un était Fouquier-Tinville, cousin de Camille Desmoulins, placé par lui au tribunal, et qui venait d’être condamné à l’horrible tache de le faire périr. Fouquier était en rapport intime avec le Comité de sûreté, dont il prenait l’ordre tous les soirs, et très probablement confident de sa haine pour Robespierre, qui venait de créer une concurrence au Comité en démembrant la police. L’autre invité était Merlin (de Thionville), ami de tous les dantonistes, très spécialement haï de Robespierre pour son influence aux armées ; les députés militaires, Merlin, Dubois-Crancé et autres, étaient couchés sur ses livres en lettres sanglantes, et ils ne l’ignoraient pas.

Quelle fut la conversation ? Il est bien facile de le deviner ; sans nul doute, on nota avec effroi les pas rapides que Robespierre faisait vers le pouvoir. Chacun des grands jugements l’en avait approché d’un degré :

La mort d’Hébert et Chaumette, en mars et avril, lui livre la Commune, qu’il gouverne par Payan.