Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/296

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celui-ci très dépendant, Robespierre l’ayant sauvé du procès d’Hébert où on eût pu l’impliquer.

La garde nationale, triée, était convoquée, aux jours douteux, par billets à domicile, adressés aux robespierristes.

On ne s’y fiait pas encore. Le 1er juin, on créa une force armée spéciale, une école militaire de trois mille garçons d’environ seize ans, sous la direction de Lebas, l’agent le plus dévoué de Robespierre.

Sans un hasard, elle eût fait ce que la garde mobile fit en juin 1848.

Il était impossible d’aller plus vite, plus droit à la dictature, ni d’une course plus rapide.

Il y a de quoi étonner infiniment ceux qui connaissaient le caractère de Robespierre. Et l’on n’y comprendrait rien, si l’on ne voyait derrière la terrible impatience du parti robespierriste, qui poussait avec fureur. Ils ne laissaient plus marcher leur chef ni toucher la terre. Ils le portaient, ils l’enlevaient. Par quoi ? par l’ambition ? Non. Mais par la secrète terreur que lui laissait la mort de Danton, la disparition subite de tous les hommes connus, l’effroi du désert, l’idée de la dictature était maintenant son seul asile. Il confondait sa sûreté avec celle de la France, avait hâte, pour elle et pour lui, de trouver un port ; mais ce port, où était-il, sinon au pouvoir du plus digne, qui n’accepterait la tyrannie que pour fonder la liberté ? Ces pensées lui étaient toute résistance contre l’emportement des siens. Ému, inquiet d’aller si vite, il n’en avançait