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CHAPITRE V

LOI DU 22 PRAIRIAL (10 JUIN 1794). — ÉCHEC DE RORESPIERRE.


Robespierre poussé fatalement à la dictature judiciaire. — Réaction imminente de l’Ouest et du Midi. — Tribunal d’Orange. — Loi du 22 prairial (10 juin 1794). — Irritation du Comité de salut public. — Résistance de la Convention.


La situation tout entière apparaît dans une circonstance peu remarquée de la fête. Robespierre ne fit attendre la Convention que parce que lui-même attendit le tribunal révolutionnaire.

Celui-ci, en réalité, était le premier pouvoir, ou plutôt le seul. Il représentait la Terreur, qui dominait également le gouvernement, l’Assemblée, le peuple.

L’autorité morale elle-même, je veux dire Robespierre, ce censeur, cet épurateur, ce sauveur, ce messie, qu’on appelait au secours de la société, il était plus que personne le serf de la Terreur. Il en paraissait le maître. L’horreur de son rôle double éclatait de plus en plus.

Le désappointement fut grand quand, au lieu de l’amnistie que la fête religieuse avait fait attendre,