Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/326

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Cette assurance réussit. Un article fut voté, puis deux, puis trois, enfin tous. Le tour était fait.

La Convention stupéfiée vota par-dessus (selon son usage, du reste) le renouvellement des pouvoirs du Comité.

Robespierre avait agi royalement dans l’affaire, sans consulter ses collègues. Le lendemain 11, au matin, il trouva le Comité exaspéré contre lui. Billaud lui demanda comment il avait osé présenter seul un décret. À quoi il dit avec une froide insolence que jusque-là tout se faisant de confiance au Comité, il avait pu agir seul avec Couthon. — « Dès ce moment, nous sommes donc sous la volonté d’un seul. » — Alors il battit la campagne ; pour faire taire la colère des autres, il feignit une grande colère, cria (les passants entendaient sur la terrasse du jardin, il fallut fermer les fenêtres) : « Je vois bien que je suis seul… Il y a un parti pour me perdre… — Je te connais, dit-il à Billaud avec fureur. — Et moi aussi je te connais… Tu es un contre-révolutionnaire. » Mot terrible qui, des deux côtés, précipita la guillotine, chacun voulant à tout prix se laver de ce reproche.

Robespierre alors, comme il lui arrivait souvent, s’attendrit sur lui-même, se mit à verser des larmes. Il consentit qu’on travaillât à modifier la loi.

Ce qui le rendait plus facile, c’est que, par deux ou trois fois, on vint avertir le Comité qu’une discussion, au moment même, s’engageait à l’Assemblée pour faire révoquer le vote de la veille. Que serait-il arrivé,