Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/336

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lui (nombre d’arrêtés existent signés de sa main). Couthon siégeait à sa place, et à l’autre Comité Lebas et David. Il tenait toujours la Commune, les prisons, les tribunaux, par Payan, Herman, Dumas. Chaque soir, il arrivait aux Jacobins redoutablement encadré entre Dumas, président, Renaudin et autres jurés du tribunal révolutionnaire. Qui ne sentait, en le voyant au milieu de tels acolytes, que cet homme retiré, ce rêveur, ce philosophe, ce moraliste inoffensif, qui ne se mêlait plus de rien, c’était lui qui tenait le glaive ?

Était-ce une illusion ? Non, Robespierre prenait soin d’établir par ses paroles qu’en effet la voie orthodoxe était dans l’accélération des jugements révolutionnaires. Chaque soir, ou lui ou Couthon faisait aux Jacobins un discours contre l’indulgence. Chose étrange après l’indulgence dont Couthon fit preuve à Lyon. Tout s’oublie si vite en France, l’audace des contradictions est si légèrement passée aux hommes de tribune par un public prévenu, que c’était précisément sur ce terrain de Lyon que Robespierre s’établissait hardiment, assurant que la commission temporaire avait été trop indulgente, qu’elle n’avait persécuté que les patriotes. L’indulgence de Marino ! l’indulgence de Collot d’Herbois ! l’indulgence de Fouché ! (Discours du 10 juin, 9, 11, 14 juillet.)

Les Comités, poussés ainsi, acceptèrent l’horrible gageure. Seulement, comme ils savaient que l’abîme, dans cette voie, allait les dévorer bientôt, ils ne