Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/344

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prévenus d’avoir pris part au complot. Un blanc restait que Lanne et Fouquier pouvaient remplir comme ils l’entendraient.

Lanne, dans son premier appétit, ne voulait pas moins que trois cents têtes ! Où trouver tant de galériens ? Ce fut Fouquier, si on l’en croit, qui, sagement, humainement, obligea Lanne d’abord de se contenter d’une trentaine, auxquels, peu de jours après, on en ajouta autant.

Pendant que Fouquier et Lanne instrumentaient à Bicêtre, le Comité de sûreté faisait son rapport à l’Assemblée sur les cinquante personnes qu’on présentait comme complices de l’assassinat de Robespierre et de Gollot, et des tentatives corruptrices du baron de Batz. Avec Ladmiral et Cécile Renaud se trouvaient en tête les Saint-Amaranthe. — Violent, cruel coup de parti, de placer juste au milieu des assassins de Robespierre ces femmes royalistes qu’on disait ses amies, pour que leur exécution l’assassinât moralement.

L’homme qui se mit en avant pour le Comité et parla fut Élie Lacoste, le même qui, le 5 thermidor, tint en face contre Robespierre et articula en sa présence les griefs du Comité.

Le rapport était un poème, où le petit banquier de Batz élevé au rôle immense du Génie du mal, avec vingt millions en guinées, des manufactures d’assignats, etc., travaillait de trois façons, meurtre, corruption, banqueroute. Ce poème, par voie d’épisodes, rattachait au fil principal des groupes