Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/385

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Capitole. Il rentra maître à la prison et fit écrire sur sa porte : Commissaire national. Les prisonniers, devant lui, étaient frémissants, à genoux ; mais il se montra bon prince. Il se contenta de la femme d’un homme qui, sur son témoignage, venait d’être guillotiné. Il promenait dans la cour la victime humiliée, la tenant au bras, la montrant dans une amoureuse insolence.

Une chose peu remarquée, mais facile à constater, c’est que, dans ces horribles jours, l’abattement des jacobins fut extraordinaire. Le parti anti-robespierriste prenait chez eux beaucoup de force. Il avait fait nommer Fouché président, puis Barère et enfin Élie Lacoste, trois ennemis de Robespierre. Barère présidait encore, le soir de la seconde fournée (21 messidor, 9 juillet], quand Robespierre, y voyant les mines tellement allongées, saisit une occasion pour gourmander les jacobins : « Si cette tribune est muette, ce n’est pas qu’il ne reste à dire ; ce silence des jacobins est l’effet d’un sommeil léthargique qui ne leur permet pas d’ouvrir les yeux sur les dangers de la Patrie… On veut revenir aux Danton, effrayer la Convention, la prévenir contre le tribunal révolutionnaire… (Puis pinçant le président Barère) : Quand on voit des hommes se borner aux tirades contre les tyrans, aux lieux communs contre Pitt et les ennemis du genre humain, toujours déclamer, et, derrière, s’opposer aux moyens utiles, se taire quand il faut parler, ne sacrifier les aristocrates que pour la forme… il est