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comme eux ; elle se donna pour président l’homme dont les poumons, l’entrain, la violente sensibilité, pouvaient le mieux lutter, au besoin, contre Robespierre, l’ami de Fouché, Collot d’Herbois. Celui-ci à ce moment était fort populaire. Il jouait une bonne pièce. On a vu qu’il avait été quelque peu assassiné, sauvé par un serrurier qui fut blessé à sa place. Le serrurier étant guéri, Collot s’était fait son cornac, le menait partout, le montrait à la Convention, aux Jacobins, aux sections. Il l’embrassait sur les chemins, pleurait, racontait ses vertus ; il s’était à peu près établi chez la serrurière, voulant éclipser Robespierre, qui logeait chez un menuisier. De là mille scènes pleureuses de fraternisation sans fin, humectées de plus en plus et toujours plus attendries.

Tout au contraire, Robespierre, triste et buveur d’eau, venait de faire une chose qui assombrissait Paris.

Le 14 juillet, à la faveur de l’expansion de la fête et de la beauté de la saison, plusieurs personnes eurent l’idée, heureuse en soi, mais sans doute hasardée dans un tel moment, de dresser des tables dans les rues, d’essayer des repas civiques. C’était une idée de Danton. Elle fut reprise et proposée par la section peut-être la plus affamée de Paris, la pauvre section de la Cité[1]. Riches et pauvres

  1. Voir aux Procès-verbaux de la section de la Cité (Archives de la Préfecture de police) l’éloge que cette section fait de l’idée du banquet et de celui à qui elle l’attribue : « Attendu que cette glorieuse journée a pris naissance dans la personne du citoyen Grenier, son nom sera au procès-verbal. »