Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/433

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Que la Convention, ce grand corps, hétérogène et discordant, agît davantage, il y avait peu d’apparence. La Montagne, comme à l’ordinaire, devait être paralysée par la droite, et dans la Montagne elle-même plusieurs hommes, les meilleurs, qui voyaient la République menacée par lui, mais pourtant mêlée à sa vie, compromise dans sa destinée, ces hommes devaient rester immobiles, dans la neutralité du scrupule et du désespoir.

Devait-on, par une action brusque et violente, troubler la neutralité de cette partie de la Montagne, inquiéter, ébranler la fidélité de la droite ? Robespierre ne le croyait pas. Il connaissait l’Assemblée, comme un cavalier expérimenté connaît sa monture. Il croyait pouvoir en tirer tout service, pourvu qu’on changeât le moins possible ses allures habituelles. S’il eût demandé d’abord Tallien, Fouché et encore quelques-uns des plus salis, il les aurait eus sans difficulté. Saint-Just croyait comme lui qu’on ne devait frapper l’Assemblée que par l’Assemblée. Homme résolu et d’action, il ne voulait point agir ; il partageait le sentiment du spéculatif Robespierre. Tous les deux respectaient la loi.

Mais il n’y avait plus moyen de retenir le parti ; la Commune était lancée. Le volcanique Payan eût fait sauter les Comités ; Coffinhal, le rude Auvergnat, homme de bras et d’échiné, aurait jeté l’Assemblée par les fenêtres. Ils n’attendaient qu’un signal. Les robespierristes étaient mûrs pour leur 18 brumaire. Robespierre ne l’était pas, ni, je crois,