Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/436

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lui dit que non seulement il fallait prendre Henriot, mais terrifier Robespierre, en frappant sa maison même, enlevant tous les Duplay. Cambon se chargea de le dire, força la consigne. Le spectacle qu’il vit au dedans l’étonna. Saint-Just écrivait et, tout en écrivant, de temps à autre disputait avec Billaud. L’interminable dispute avait commencé dès onze heures, par une scène violente de Collot d’Herbois. Saint-Just s’était froidement établi au Comité pour en observer l’attitude. Collot, rentrant des Jacobins, furieux, renversant les portes, s’était jeté sur Saint-Just, l’avait secoué, fouillé, croyant trouver sur lui les preuves de sa perfidie. Carnot, Barère, Lindet, Billaud, protégèrent Saint-Just, qui leur dit qu’il demanderait seulement que Collot et Billaud ne fussent plus au Comité, qu’au reste il leur montrerait son rapport avant de le porter à la Convention. Les choses en étaient donc là, déjà bien calmées, lorsque Cambon arriva. Il vit qu’on restait ennemi, mais que des ennemis si paisibles n’étaient pas pour agir beaucoup. Dès lors il sortit sans mot dire, convaincu que Robespierre et Saint-Just reprendraient le lendemain tout leur ascendant.

Rien n’était plus vraisemblable. Les Comités en étaient déjà à s’excuser devant Saint-Just. Comme il prétendait savoir qu’ils faisaient dresser par Fouché un acte d’accusation contre Robespierre, ils envoyèrent chercher Fouché et le firent interroger par le plus âgé, le bonhomme Ruhl. Fouché nia fort et ferme, et Saint-Just fit semblant de croire.