Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/448

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Il voulut même sauver le maire, la Commune robespierriste, qui pourtant avait autorisé l’acte d’Henriot. Il vanta leur fidélité.

Toute sa crainte, on le voyait, était qu’en frappant Robespierre, les maladroits, les furieux, les Fréron n’abolissent les deux Comités. Il insista sur la nécessité de ne pas toucher « à ce sanctuaire du gouvernement », à cette unique garantie d’une action centrale et forte ; du reste, rejetant tout le mal, à l’ordinaire, sur les trames de l’étranger, sur les royalistes, les aristocrates.

Ce rapport sauvait Robespierre. Il le délivrait d’Henriot, de l’ivrogne et du bravache qui entravait son parti. Il lui laissait sa Commune où était sa grande force, et l’appel légal aux armes. Il divisait le commandement, au lieu de faire un général dévoué à l’Assemblée.

La séance languissait, l’affaire avortait. Un bavardage de vieillard que fit Vadier à la tribune sur la Mère de Dieu fit rire ; chose bien maladroite et qui pouvait finir tout. Qui rit est presque désarmé. Robespierre, à la tribune, les bras croisés sur la poitrine, endurait cette risée, s’efforçait de sourire lui-même, de simuler le mépris. Plusieurs l’auraient tenu quitte pour ce supplice de la vanité. Mais ceux qui étaient en péril, qui mouraient s’il eût vécu, arrêtèrent le vieux Vadier. « Ramenons, dit Tallien, la discussion à son vrai point… » — Robespierre : « Je saurai bien l’y ramener. » — Cris et violents murmures. Le pré-