Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/463

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voulaient rien comprendre. Ils répétaient leur mot ordinaire, que Maximilien était un homme de scrupule vraiment excessif, d’une moralité désolante ; qu’il fallait bien que ses amis l’obligeassent d’être homme d’État.

Le Comité de salut public, atterré de la nouvelle, pensa que la Commune, maîtresse de Robespierre, lui ferait vouloir ce qu’elle voudrait, que tout était remis aux armes. On se repentit un peu tard d’avoir divisé, annulé le commandement militaire. Il fallait maintenant demander un général à la Convention. Carnot regardait le gendarme qui apportait la nouvelle. Il était extrêmement jeune (dix-neuf ans), une blonde figure innocente, résolue pourtant, un soldat et rien de plus. Ce jeune homme, nommé Merda, enfant de Paris, fils d’un marchand, était entré à dix-sept ans dans la garde constitutionnelle du roi. Comment un enfant de cet âge fut-il admis dans ce corps d’élite, recruté soigneusement parmi d’anciens militaires, des maîtres d’armes, des lames renommées de Paris ? Sans doute pour sa dextérité peu commune dans les armes . Passé en 1792 dans la gendarmerie des hommes du 14 juillet, il y était fort vexé soit à l’occasion de son nom bizarre, soit comme garde constitutionnel. Son sobriquet était Veto. Ces disputes continuelles, qui, dans le corps, obligent tous les jours de tirer Pépée, durent faire du jeune homme naturellement pacifique un homme d’exécution, une main vive et prompte à frapper. Du reste, pour achever son