Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/487

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d’en bas l’avait renseigné, le guidait et le poussait.

Il arriva juste à la porte du secrétariat, frappa plusieurs fois. Enfin on ouvrit. Il se trouva dans une pièce où il y avait une cinquantaine d’hommes fort agités, sauf un, Robespierre, qui était au fond, assis dans un fauteuil, le coude gauche sur les genoux et la tête appuyée sur la main gauche. « Je saute sur lui, dit Merda, et, lui présentant la pointe de mon sabre au cœur, je lui dis : « Rends-toi, traître ! » Il relève la tête et me dit : « C’est toi qui es un traître, et je vais te faire fusiller ! » À ces mots, je prends de la main gauche un de mes pistolets, et, faisant un à droite, je le tire. Je croyais le frapper à la poitrine, mais la balle le prend au menton et lui casse la mâchoire gauche inférieure ; il tombe de son fauteuil. En ce moment, il se fait un bruit terrible autour de moi, je crie : « Vive la République ! » Mes grenadiers m’entendent et me répondent ; alors la confusion est au comble parmi les conjurés, ils se dispersent de tous côtés et je reste maître du champ de bataille.

« Robespierre gisant à mes pieds, on vient me dire qu’Henriot se sauve par un escalier dérobé ; il me restait encore un pistolet armé, je cours après lui. J’atteins un fuyard dans cet escalier ; c’était Couthon que l’on sauvait. Le vent ayant éteint ma lumière, je le tire au hasard, je le manque, mais je blesse à la jambe celui qui le portait. Je redescends, j’envoie chercher Couthon, que l’on traîne par les pieds jusque dans la salle du conseil général, je fais chercher