Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/50

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Il parut le 6 janvier, le jour même où Phelippeaux, par une nouvelle brochure, caractérisait la conduite tortueuse du Comité et de Robespierre. Il parut dix jours après ce cinquième numéro de Desmoulins où l’on entrevit si bien comment Robespierre, après l’avoir lancé sur Hébert et Clootz, recula précipitamment vers les hébertistes. Marat, bien posé, tel qu’il fut, devant le public, tout simple et tout d’une pièce, dans son abandon complet de toute tactique, dans l’emportement d’un caractère essentiellement spontané, faisait une amère satire du caractère si contraire qui en fut l’envers exact et la complète opposition.

Robespierre, par la force de seconde vue que donne la passion, sentait Fabre, même absent, derrière lui, qui le regardait. Il en était cruellement inquiété, irrité. Il sentait d’instinct, de terreur, ce que Danton avait dit sans en sentir la portée : « La tête de cet homme-là est un répertoire d’idées comiques. »

Son imagination maladive lui exagérait les choses. Il se figurait que ce chercheur impitoyable de situations comiques créait ces situations, que ce cruel machiniste faisait lui-même les fils, les poulies, les trappes où Robespierre à chaque instant pouvait se prendre ou heurter.

Il se trompait. Ni Fabre ni personne n’avait une telle action.

Les pièges où Robespierre risquait de périr étaient en Robespierre même, et aussi, en grande partie,