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Desmoulins : « Brûler n’est pas répondre. »

Robespierre : « Ta résistance prouve assez que tu as de mauvaises intentions… »

Danton : « Camille ne doit pas s’effrayer des leçons d’un ami sévère. Citoyens, que le sang-froid préside à nos discussions… Craignons de porter un coup à la liberté de la presse. »

Le succès de Desmoulins fut complet, même aux Jacobins. Ses juges les plus hostiles furent touchés, ravis. Mais Robespierre le voulait : ils obéirent et le rayèrent.

Le vainqueur se sentait vaincu, en réalité. Sa fureur n’eut aucune borne. Sa sombre imagination lui montra un profond accord entre Desmoulins, Bourdon, Phelippeaux, hommes pourtant spontanés, violents, plus que calculés. Quel était le calculateur, l’adroit machiniste qui tirait les fils ? L’ancien secrétaire de Danton, l’homme des imbroglios, le dramaturge Fabre d’Églantine. Lui seul, parmi eux, était capable de tracer un plan, de préparer et ménager les moyens, les ressorts, de les faire habilement concourir à une action commune.

C’est Fabre qu’il fallait perdre, envelopper si l’on pouvait dans la conspiration dont Robespierre parlait sans cesse : la conspiration de l’étranger.

Fabre, infiniment prudent, laissait aller devant les autres et n’agissait guère qu’à coup sûr. Il donnait bien peu de prise du côté du modérantisme ; il avait concouru à la mort des Girondins. S’il avait, obtenu l’arrestation de Ronsin et de Vincent, c’était le jour