Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/68

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Non seulement on ne chercha pas d’éclaircissements, mais on repoussa ceux qui vinrent d’eux-mêmes ; une lettre vint de Julien (de Toulouse), l’un des accusés en fuite ; elle vint droit à la Convention, sans passer par le Comité. N’ayant pu la supprimer, on réussit du moins à en empêcher la lecture, qui peut-être eût tout éclairci.

Ce qui rend cette affaire étrange encore plus mystérieuse, c’est que, plus on y réfléchit, plus on voit que la Compagnie ne pouvait espérer que le crime lui servît à rien.

Ce décret public, imprimé, personne ne r aurait-il donc lu ? La commission créée pour diriger, surveiller la liquidation, ne l’eût-elle pas dénoncé au bout de deux jours ? Les coupables, dira-t-on, Fabre ou Delaunay, auraient émigré sans doute, dès qu’ils auraient reçu l’argent. D’accord. Mais les banquiers d’alors étaient-ils si sots que de jeter de l’argent dans une affaire d’un résultat si éphémère, si visiblement incertain ? Pas un homme sérieux ne le ferait aujourd’hui. Je suis bien plus porté à croire que le banquier principal, le baron de Batz, pensionné en 1815 pour avoir essayé de sauver les enfants du Temple en gagnant des députés, avait versé les cent mille francs pour entamer cette affaire, à laquelle, par Chabot peut-être, il croyait amener tels et tels ; l’affaire de la Compagnie n’était qu’un prétexte.

Imputer ce crime si bête d’un faux qui crevait les yeux à l’un des grands esprits du temps, à l’homme