Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/369

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terrible, excessif et rigoureux ? Point de femmes qui cultivent en Angleterre. Elles sont bien misérables, mais enfin vivent en chapeau, gardées du vent et de la pluie. L’Allemagne, avec ses forêts, ses prairies, etc., avec un travail très lent et la douceur nationale, n’écrase pas la femme, comme on fait de celle-ci. Le durus arator du poète n’a guère son idéal qu’ici. Pourquoi ? Il est propriétaire. Propriétaire de peu, de rien, et propriétaire obéré. Par un travail furieux, aveugle, de très mauvaise agriculture, il lutte avec le vautour. Cette terre va lui échapper. Plutôt que cela n’arrive, il s’y enterrera, s’il le faut ; mais d’abord surtout sa femme. C’est pour cela qu’il se marie, pour avoir un ouvrier. Aux Antilles, on achète un nègre ; en France, on épouse une femme.

On la prend de faible appétit, de taille mesquine et petite, dans l’idée qu’elle mangera moins (historique).

Elle a grand cœur, cette pauvre Française, fait autant et plus qu’on ne veut. Elle s’attelle avec un âne (dans les terres légères) et l’homme pousse la charrue. En tout, elle a le plus dur. Il taille la vigne à son aise. Elle, la tête en bas, gratte et pioche. Il a des répits, elle non. Il a des fêtes et des amis. Il va seul au cabaret. Elle va un moment à l’église et elle y tombe de sommeil. Le soir, s’il rentre ivre, battue! et souvent, qui pis est, enceinte ! La voilà, pour une année, traînant sa double souffrance, au chaud, au froid, glacée du vent, recevant la pluie tout le jour.


La plupart meurent de phtisie, surtout dans le