Page:Michelet - OC, Mémoires de Luther.djvu/52

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content d’aller se défendre à Leipsick, il prit l’offensive à Wittemberg. « Il osa, dit son biographe catholique, Cochlœus, il osa, avec l’autorisation du prince qui le protégeait, citer solennellement les inquisiteurs les plus habiles, ceux qui se croiraient capables d’avaler le fer et de fendre le caillou, pour qu’ils vinssent disputer avec lui ; on leur offrait le sauf-conduit du prince qui, de plus, se chargeait de les héberger et de les défrayer. »

Cependant, le principal adversaire de Luther, le docteur Eck, s’était rendu à Rome pour solliciter sa condamnation. Luther était jugé d’avance. Il ne lui restait qu’à juger son juge, à condamner lui-même l’autorité par-devant le peuple. C’est ce qu’il fit dans son terrible livre de la Captivité de Babylone. Il avançait que l’Église élait captive, que Jésus-Christ, constamment profané dans l’idolâtrie de la messe, méconnu dans le dogme de la transsubstantiation, se trouvait prisonnier du pape.

Il explique dans la préface, avec une audacieuse franchise, comment il s’est trouvé poussé de proche en proche par ses adversaires : « Que je le veuille ou non, je deviens chaque jour plus habile, poussé comme je suis, et tenu en haleine par tant de maîtres à la fois. J’ai écrit sur les indulgences, il y a deux ans, mais d’une façon qui me fait regretter vivement d’avoir donné mes feuilles au public. J’étais encore prodigieusement engoué à cette époque de la puissance papale ; je n’osai rejeter les indulgences entièrement. Je les voyais d’ailleurs approuvées par tant