Page:Michelet - OC, Mémoires de Luther.djvu/63

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et l’on y laissait tant de fautes qu’ils semblaient écrits par des ignorants et des barbares. Si quelque imprimeur plus consciencieux y apportait plus de soin, on le tourmentait, on se riait de lui dans les marchés publics et aux foires de Francfort, comme d’un papiste, d’un esclave des prêtres. »

Quel que fût le zèle des villes, c’était surtout à la noblesse que Luther avait fait appel, et elle y répondait avec un zèle qu’il était souvent contraint de modérer lui-même. En 1519, il écrivit en latin une Défense des articles condamnés par la bulle de Léon X, et il la dédie dans ces termes au seigneur Fabien de Feilitzsch : « Il nous a paru convenable de vous écrire désormais à vous autres laïques, nouvel ordre de clercs, et de débuter heureusement, s’il plaît à Dieu, sous les favorables auspices de ton nom. Que cet écrit me recommande donc, ou plutôt qu’il recommande la doctrine chrétienne à toi et à toute votre noblesse. » Il avait envie de dédier la traduction de cet ouvrage à Franz de Sickingen, et quelque autre aux comtes de Mansfeld ; il s’en abstint, dit-il, « de crainte d’éveiller la jalousie de beaucoup d’autres, et surtout de la noblesse franconienne ». La même année il publiait son violent pamphlet : A la noblesse chrétienne d’Allemagne sur l’amélioration de la chrétienté. Quatre mille exemplaires furent enlevés en un instant.

Les principaux des nobles, amis de Luther, étaient Silvestre de Schauenberg, Franz de Sickingen, Taubenheim et Ulrich de Hutten. Schauenberg avait confié son jeune fils aux soins de Mélanchton, et offrait de