Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/103

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sa colossale hauteur qui l’a empêché jusqu’ici de faire attention aux clameurs d’en bas.

Il avait autre chose à faire lorsque d’une main il exhumait vingt religions, et de l’autre mesurait le ciel, lorsque chaque jour, comme autant d’étincelles, jaillissaient de son front des arts inconnus… Oui, il pensait à autre chose, et il est fort excusable de n’avoir pas compris que ceux-ci arrangeaient je ne sais quelle petite boîte pour y mettre le géant.

La sagesse du vieil Orient, profonde sous sa forme enfantine, nous conte qu’un malheureux génie fut mis dans un vase de bronze. Lui, rapide, immense, qui d’un tour d’aile atteignait les pôles, serré dans ce vase, et scellé d’un sceau de plomb, et le vase plongé au fond de la mer !

Au premier siècle, le captif jura que quiconque lui ouvrirait, il lui donnerait un empire. — Au second siècle, il jura qu’il donnerait ce qu’il y a de trésors au fond de la terre. — Au troisième siècle, il jura que si jamais il sortait, il sortirait comme une flamme, et qu’il dévorerait tout.

Qui donc êtes-vous, pour croire que vous allez sceller le vase, pour vous imaginer que vous tiendrez là le vivant génie de la France ? Est-ce que vous auriez pour cela, comme dans le conte oriental, le sceau du