Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/128

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qu’une fantaisie de quatre-vingt-dix millions d’hommes, qui va cesser par une nouvelle fantaisie d’orthodoxie, c’est une sorte de folie chez ceux qui prétendent posséder seuls la confidence de la Providence dans le gouvernement de l’histoire. Si le protestantisme s’accommode de certains points de la doctrine catholique, se persuade-t-on en réalité que ce soit simplement pour se renier et se livrer, sans conditions réciproques ? Il s’assimile, cela est vrai, diverses parties de la tradition universelle ; mais, par ce travail de conciliation, il fait absolument l’opposé de ceux qui parmi nous ne songent qu’à exclure, interdire, anathématiser. Il s’agrandit à mesure que les nôtres se rappetissent ; et si jamais la conversion s’opérait, je prédis à nos ultramontains qu’ils seront plus embarrassés des convertis qu’ils ne le sont aujourd’hui des schismatiques.

Ils demandent la liberté pour tuer la liberté. Accordez-leur cette arme, je ne m’y oppose pas ; elle ne tardera pas à se retourner contre eux. Ouvrez-leur, si vous voulez, toutes les barrières ; c’est le moyen de mieux trancher la question, et ce moyen ne me déplaît pas. Qu’ils soient partout ; qu’ils envahissent tout ; après quoi dix ans ne se passeront pas sans qu’ils soient chassés pour la quarantième fois avec le gouvernement qui aura été ou qui seulement aura semblé