Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/153

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intelligences ? La révolution française ne mérite-t-elle pas que l’on fasse pour elle ce qui se faisait au moyen âge pour la moindre des commotions politiques et sociales ? Tout a changé, tout s’est renouvelé dans la société temporelle. La philosophie, je l’avoue, sous sa modestie apparente, est au fond pleine d’audace et d’orgueil. Elle se croit victorieuse ! et contre des ennemis qui ont ainsi retrempé leurs armes, ce sont des ordres exténués, que l’on ramène au combat ! Pour moi, si j’avais la mission qui a été accordée à d’autres, loin de me contenter de restaurer des sociétés déjà compromises avec le passé, ou ébranlées par trop d’inimitiés, les dominicains, les jésuites, je croirais très-fermement qu’il y a dans le monde assez de changements, de tendances, de philosophies, ou, si l’on veut, d’hérésies nouvelles, pour qu’il vaille la peine d’y opposer une autre règle, une autre forme, au moins un nom nouveau ; je croirais que cet esprit de création est le témoignage nécessaire de la grande vie des doctrines, et qu’un seul mot prononcé par un ordre nouveau aurait cent fois plus d’efficacité que toute l’éloquence du monde dans la bouche d’un ordre suranné.

Quoi qu’il en soit, j’en ai dit assez pour montrer que la prédication dans une église particulière et l’enseignement public devant des hommes de croyances di-