Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dinaire, qui, lorsque tout a changé, a conservé immuablement son unité. Ce spectacle les étonne. A l’aspect de ces ruines pleines encore d’orgueil, elles se sentent attirées par une force qu’elles ne mesurent pas ; je ne voudrais pas jurer que cet état de délabrement n’exerçât sur elles un prestige supérieur à celui de la prospérité même. Comme elles voient tous les dehors conservés, règles, constitutions écrites, coutumes subsistantes, elles se persuadent que l’esprit chrétien habite encore ces simulacres ; d’autant plus qu’un seul pas fait dans cette voie les entraîne à beaucoup d’autres, et que les principes du corps sont liés avec un art infini. Entrées ainsi dans ce chemin, elles s’engagent de plus en plus, cherchant toujours sous les formes de la doctrine de Loyola, le génie et l’âme du christianisme. Or, mon devoir est de dire à ces personnes, comme à toutes celles qui m’entendent, que la vie est ailleurs, qu’elle n’est plus dans cette constitution, simulacre vide de l’esprit de Dieu, que ce qui a été a été, que l’odeur s’est échappée du vase, que l’âme du Christ n’est plus dans ce sépulcre blanchi. Dussent-elles me vouer une haine qu’elles croient éternelle et qu’il m’est impossible de partager, oui, si elles viennent ici, violentes, menaçantes, je les en préviens, je le leur déclare en face, je ferai tout ce