Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/162

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cères en des matières si graves. Je combats ouvertement, loyalement. Je demande que l’on se serve contre moi d’armes semblables.

Qui sait même, si parmi ceux qui se croient animés de plus d’aversion, il ne se trouve pas ici, en ce moment, quelqu’un qui plus tard se félicitera d’avoir été retenu aujourd’hui, sur le seuil qu’il allait franchir pour toujours ?

Il faut d’abord savoir où l’on va ; et la première chose dont j’aie à m’occuper, est de montrer la mission de l’ordre de Jésus dans le monde contemporain. Le jésuitisme est une machine de guerre ; il lui faut toujours un ennemi à combattre, sans cela ses prodigieuses combinaisons resteraient inutiles. Dans le seizième siècle et le dix-septième, il a trouvé le protestantisme pour contradicteur. Non content de cet adversaire, l’idolâtrie des peuples de l’Asie et de l’Amérique lui a donné une glorieuse occupation. Sa gloire est de combattre toujours ce qu’il y a de plus fort. De notre temps quel est l’ennemi qui l’a contraint de ressusciter ? Ce n’est pas l’Église schismatique, puisqu’au contraire c’est elle qui l’a rappelé et sauvé en Russie. Ce n’est pas l’idolâtrie. Quel est donc cet adversaire assez puissant pour réveiller les morts ? Je veux, pour le montrer avec une pleine évidence, ne m’appuyer