Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/204

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apporter à cet égard, d’étranges témoignages. Ecoutez cet aveu terrible qui échappe à l’un des disciples les plus fameux de Loyola, à l’un de ceux qui se sont le plus rapprochés de son esprit, à l’un de ses contemporains, Mariana ! Ce n’est pas moi qui parle, c’est un membre de l’institut de Jésus après cinquante ans passés dans la communauté : « Toute notre institution, dit-il, ne semble avoir d’autre but que d’enfouir sous terre les mauvaises actions et de les dérober à la connaissance des hommes[1]. » Je pourrais ajouter à cette confession d’étonnants aveux qu’a oubliés Pascal, sur la manière de capter la bienveillance des princes, des veuves, des jeunes hommes nobles et opulents ; j’irais aisément très-loin dans cette voie ; je m’arrête.

Est-il besoin, en effet, de dire ce qui vous attache à cette discussion ? ce n’est ni son rapport avec le temps où nous sommes, ni la curiosité du scandale. Ce qui vous intéresse, c’est que cette question est en soi-même grande, universelle : laissons-lui ce caractère. Cette question est celle de la réalité et de l’apparence, du vrai et du faux, de la vie et de la lettre. Dès qu’une doctrine veut contrefaire la vie qu’elle a perdue, vous

  1. Totum regimen nostrum videtur hunc habere scopum, ut malefacta injectâ terrâ occultentur, et hominum notitiæ subtrahantur.