Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/206

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Encore, s’il le faut, pourrai-je, par un effort d’un moment, admettre qu’au sortir du moyen âge quelques âmes emportées par trop d’ascétisme, aient eu besoin d’être rangées sous cette règle sèche et glacée. J’admettrai que ces élans du moyen âge, tout à coup comprimés par une méthode accablante, aient tourné, sinon à de grandes pensées, du moins à de hardies entreprises. Mais, de nos jours, en 1843, que vient faire cette doctrine dans le monde ? que nous donne-t-elle que nous ne possédions trop abondamment ? Nous avons, avant tout, les uns et les autres, faim et soif de sincérité, de franchise. Elle nous apporte la tactique et le stratagème, comme s’il n’y avait pas assez de stratagèmes et de tactique dans le cours visible des affaires ! Nous ne pouvons vivre sans liberté ; elle nous apporte la dépendance absolue, comme s’il ne restait pas assez d’entraves dans les choses. Nous avons besoin du sens spirituel, grand, puissant, ouvert à tous, régénérateur ; elle nous apporte le sens étroit, petit, matériel, comme s’il n’y avait pas assez de matérialisme dans le siècle ; nous avons besoin de la vie, elle nous apporte la lettre. En un mot, elle n’apporte rien au monde que ce dont le monde regorge. Et voilà aussi pourquoi le monde n’en veut plus !

Considérez encore que, s’il est un pays sur la terre