Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jours, il s’est trop hâté de paraître, parce qu’il s’est trahi par son impatience, parce qu’en se montrant, il a risqué de se perdre. Mais notre peine n’aura pas été inutile, dès que nous avons servi à le manifester. Il est trop tard, désormais, pour se désavouer.

La seule chose qui m’étonne, c’est qu’on nous ait accusés d’attenter à la liberté de l’enseignement, pour avoir maintenu la liberté de discussion. Quoi ! nous sommes les violents, les intolérants ! Qui l’aurait cru ? Violents, parce que nous nous sommes défendus ! intolérants parce que nous n’avons pas été exclusifs ! Tout ceci est étrange, il faut l’avouer. La tolérance que l’on demande est-ce celle de condamner, de foudroyer sans que personne ait rien à répondre ? Le droit commun que l’on réclame est-ce le privilége de l’anathème ? Il faudrait au moins le dire clairement.

A quoi bon tant de détours, quand la question peut être exprimée en un mot ? La France dépourvue aujourd’hui de toute association, peut-elle abandonner l’avenir à une association étrangère, puissante, naturellement et nécessairement ennemie de la France ? Sans tant d’ambages, je dirai seulement que je vois dans le passé le jésuitisme s’emparer de l’esprit pour le matérialiser, de la morale pour la démoraliser, et