Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/213

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ces d’alliance religieuse étaient très-différentes, suivant la solution qu’on réservait à cet étrange problème.

La Société de Jésus, dans cette entreprise, fut en Asie ce qu’elle était en Europe ; elle reproduisit là, aussi, dans l’histoire de ses Missions, les phases diverses du caractère de son auteur. Le précurseur qui la devança dans les Indes fut François Xavier de Navarre ; il avait reçu, un des premiers, l’impulsion d’Ignace de Loyola. Né comme lui, d’une famille ancienne, il avait quitté le donjon paternel pour venir à Paris, étudier la philosophie et la théologie. A Sainte-Barbe, Loyola lui communique l’enthousiasme de sa jeunesse. Xavier n’eut jamais conscience de la révolution qui remplaça, dans l’esprit du fondateur, l’ermite par le politique. Envoyé en Portugal, et de là aux Indes, avant même que la Société fût reconnue, il conserva l’esprit d’héroïsme, sans presque aucun mélange de calcul humain. Quand on rencontre dans ses lettres, des paroles telles que celles-ci : « Compassez toutes vos paroles et toutes vos actions avec vos amis, comme s’ils devaient un jour devenir vos ennemis et vos délateurs ; » on croit reconnaître un des derniers conseils de Loyola, tombés dans ce cœur transparent.

Au reste, ce sera une chose éternellement belle,