Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/246

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ciété levé sur l’enfant qui va régner, attacher devant lui le poignard de Jacques Clément à sa couronne ! quel coup de maître de la part de la société de Jésus ! de la part de l’instituteur, quelle intrépidité d’orgueil ! Pour l’élève, quel avertissement, quel effroi subit, quelle terreur qui ne s’apaisera plus ! Ne soyez pas surpris si ce jeune Philippe III vit, comme si son sang s’était figé dans ses veines, s’il se retire autant que possible de la royauté, s’il ne se meut dans la solitude de l’Escurial que pour imiter le pélerinage de Loyola. Depuis ce jour, moitié terreur, moitié respect, la dynastie espagnole de la maison d’Autriche, s’évanouit sous cette main froide, toujours levée contre elle. Cette main ressemble à celle du commandeur dans le Festin de pierre. Roi ou peuple, elle entraîne sans retour quiconque lui abandonne la sienne.

Assurément il était bien permis de pâlir à un jeune Dauphin d’Espagne, lorsqu’un homme aussi habitué que Philippe II à toutes les trames, disait : « Le seul ordre auquel je ne comprenne rien, est l’ordre des jésuites. » Voulez-vous avoir sur eux l’opinion d’un brave, par excellence, auquel ils ont enseigné la peur ? Voici la réponse d’Henri IV à Sully, qui s’opposait au rappel des jésuites ; le roi avoue qu’il ne