Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/251

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nent, ils se précipitent contre leur propre doctrine, sitôt qu’elles commencent à vivre. N’est-ce pas là leur rôle depuis un siècle et demi ? en est-il un seul qui dans tout cet intervalle ne se soit appliqué à détruire cette puissance de l’opinion que les fondateurs avaient mise en avant, sans savoir que le mot grandirait, et que le programme de la ligue deviendrait une vérité ?

Au seizième siècle, qui proclame, même avec le bon vouloir de Philippe II, la doctrine de la souveraineté du peuple, quand elle n’a aucune chance d’être mise en pratique ? La société de Jésus. Au dix-huitième, qui combat avec acharnement la souveraineté du peuple, quand cessant d’être une abstraction, elle devient une institution ? La société de Jésus. Quels sont, au dix-huitième siècle, les ennemis les plus injurieux de la philosophie ? Ceux qui au seizième, ont posé les mêmes principes que ceux de la philosophie, sans vouloir en faire autre chose qu’une arme de combat. Quels sont ceux, qui au dix-huitième siècle, vont fortifier de leur doctrine le pouvoir absolu et schismatique des Catherine II, des Frédéric II ? Ceux qui au seizième ne parlaient que de renverser, de fouler, de poignarder, au nom du peuple, le pouvoir absolu, et schismatique ; car il ne faut pas oublier que,