Page:Michelet - Quinet - Des jésuites, 1843.djvu/291

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de France, but innocent de cet orage, a été émue jusqu’au plus profond de ses entrailles.

Pour parler sérieusement, que l’on ne dise pas que le catholicisme est ainsi revenu à sa pente naturelle, que son tempérament est d’être intolérant, provocateur, délateur, que c’est là son génie, qu’il faut qu’il y reste fidèle, ou qu’il cesse d’être. Dans la partie de l’Europe où le droit d’examen en matière religieuse est passé profondément dans les mœurs et dans les institutions, le catholicisme a très-bien su se plier ou se réduire aux conditions que le temps et les choses lui ont faites. Là, il partage son église avec les hérétiques ; il célèbre la messe dans le même temple où le protestantisme réunit ses fidèles ; la même chaire retentit tour à tour de la parole de Luther et des doctrines de Rome. Souvent même j’ai vu le prêtre catholique et le prêtre protestant, réunis dans la même cérémonie religieuse, donner ainsi l’exemple le plus frappant d’une tolérance mutuelle. Là, le catholicisme n’affecte pas de grincer des dents à tout propos ; il n’abuse pas de ses foudres ; il sait que le temps de la discussion est arrivé pour lui, que la menace, la violence, l’anathème, ne lui rendront aucune des choses qu’il a perdues. Cette nouvelle situation, il l’accepte ;